UN
PEU D’HISTOIRE. |
Les témoignages les plus anciens,
relatifs aux astres, restent les alignements réalisés par les premiers hommes :
Carnac en Bretagne, Stonehenge en Angleterre.
Dès
l'antiquité, l'homme a cherché à observer le ciel à l'oeil nu, premier et
indispensable moyen d’observation. Les premières civilisations intéressées
par l'astronomie furent : Babylonienne, Egyptienne, Chinoise, Précolombienne
et Grecque. Toutes les civilisations connurent les "relations" entre astronomie, astrologie et religion dont les traces remontent
souvent au delà du 3ème millénaire avant JC. Témoins les pyramides d'Egypte
et du Mexique qui ont servi d'observatoire durant prés de 4000 ans. Les
premiers observatoires apportent une contribution dans la définition des
calendriers.
Le premier instrument astronomique
"évolué" fut le cercle armillaire, donnant ensuite la sphère
armillaire et l'astrolabe. Ces appareils de mesure donnèrent de plus en plus de
renseignements sur le Soleil, la Lune et les planètes connues à l'époque :
Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Pendant près d'un millénaire,
l'astronomie n'a pas fait de progrès marquant jusqu'en 1610
où Galilée eut l'idée de diriger vers
le ciel une lunette munie de deux lentilles (l'une convergente, comme objectif,
l'autre divergente, comme oculaire). Elle lui permit de faire des découvertes
satellites de Jupiter, anneaux de Saturne, nommées "oreilles" à
cause de la mauvaise définition de l'instrument, et les phases de Vénus. Le
moine Christophe Scheiner observa principalement le Soleil par projection
quelques années plus tard.
Afin d'améliorer la qualité des
images médiocres (à cause des objectifs non achromatiques) on utilisait des
lentilles de distance focale de plus en plus grande. Ainsi, la "machine céleste"
d'Hévélius avait, pour distance focale, 46 mètres.
Christian Huygens poursuivit les
travaux d'Hévélius et découvrit la turbulence atmosphérique. L'invention de
l'horloge à pendule, en 1645, par Huygens a beaucoup amélioré la précision
des mesures astronomiques.
Les années 1670 voient arriver un
nouveau mode d'observation : la réflexion. Ainsi, le premier télescope
connu est celui que Newton exécuta en 1671, le miroir, sphérique, avait un
diamètre de 2,5 cm et une focale de 16 cm. Newton inventa le bronze des miroirs :
alliage de cuivre et d'étain. Cette matière métallique fut utilisée pendant
près de deux siècles avant l'utilisation de l'argenture chimique qui fut mise
au point vers 1850. Les propriétés des miroirs étaient connues avant celles
des lentilles, pourtant les premiers instruments furent les lunettes car on
avait une plus grande maîtrise dans la fabrication des lentilles.
Parmi
les types de télescopes, on distingue alors le Newton dont la particularité
est de renvoyer le foyer latéralement à l'extérieur du tube par un miroir
plan, Deux autres dispositions, le Grégory et le Cassegrain, proposent le
renvoi dans l'axe du tube, derrière le
miroir primaire, celui-ci étant
percé en son centre. Dans le premier cas, le secondaire est concave (facilité
de fabrication), dans
l'autre, il est convexe.
Le
principal inconvénient des télescopes était dû au miroir en bronze qui avait
un pouvoir de réflexion de 50 % et "descendant" à 20 % dès que
celui-ci se ternissait. Sans oublier le miroir secondaire pour qui le problème
était le même. Nous sommes encore bien loin des images que donne l'argenture
ou l'aluminure. Preuve en est le 182 cm de Lord Ross construit en 1845 et ayant
une focale de 16 m, c'est le dernier miroir métallique, célèbre pour avoir
permis de mettre en évidence la structure spirale de quelques galaxies alors
appelées nébuleuses. Aujourd'hui, cette structure ne fait aucun doute dans les
télescopes amateurs dont la réflexion est supérieure à 90 %.
Au
début du XVIIIème siècle, Halley construisit une série de quadrants dits
"muraux". Ces instruments permirent d'affiner les mesures. John
Dollond, devenu expert en optique, fut le premier à réaliser un doublet
achromatique. Clairault refit les expériences de Dollond et construisit de
meilleures lentilles. Peter Dollond fit de nouveaux systèmes achromatiques à
trois lentilles et en 1765, les réfracteurs à grande focale encore en usage
furent tous abandonnés. Néanmoins, les réfracteurs, aussi bons soient-ils,
n'eurent jamais le monopole à cause de leur encombrement, de la qualité irréprochable
demandée à leur optique, du poids entraînant des distorsions et du nombre de
faces à tailler (quatre pour un doublet achromatique). Le plus grand de ces
appareils fut la lunette de Yerkes aux Etats Unis, dont le diamètre était de
102 cm et la distance focale de 19 m, cette lunette fut construite en 1897
Revenons
vers nos réflecteurs. Herschel, en 1789, achève la construction de son plus
grand télescope (diamètre 120 cm et focale 12 m). On comprend fort bien que
ces appareils restent d'un emploi quelque peu acrobatique. Herschel, assistée
de sa dévouée soeur Caroline, met également au point une série de machines
permettant le polissage de miroirs de quelques kilos à plusieurs centaines de
kilos. Le début du XIXème siècle arrive et, avec lui, Fraunhofer. Doué d'un
esprit génial, il fit l'analyse des spectres et montra que les raies sont liées
à la chimie des étoiles. Newton avait dit le premier que les couleurs de
l'arc en ciel venaient de la lumière et non du verre. Avec la spectroscopie à
prisme, l'astrophysique fait son apparition. Le XIXème siècle voit arriver également
un instrument de mesure indispensable et performant : le cercle méridien,
utilisé pour la mesure du temps. En 1842, un ingénieur du nom de James
Nasmyth construisit un télescope muni d'un troisième miroir réfléchissant
le faisceau lumineux vers un oculaire fixe.
L'observation
du Soleil et l'emploi du spectrographe demande beaucoup de place. Aussi voit-on
la construction de tours solaires, notamment sur le Mont Wilson, une tour de 18
m, puis en 1912, une autre de 45 m. Toujours sur le Mont Wilson, en 1916, un télescope
de 250 cm, pesant 100 tonnes et stabilisé par des flotteurs à mercure est mis
en station. Les années 1920 voient la construction d'un instrument de type nouveau avec des performances jamais dépassées
depuis : une chambre photographique portant le nom de son inventeur Bernard
Schmidt. Cet appareil permet la photographie à grand champ sans aberration et
avec une luminosité et une définition incomparable pour les objets
diffus du ciel profond. Une décennie passe et un nouveau progrès arrive pour
l'observation du Soleil avec un français, Bernard Lyot qui, en 1930, éclipse
le Soleil artificiellement à l'aide du coronographe et photographie la couronne
pour la première fois en dehors d'une éclipse de Soleil. Les spectrohéliographes
montés sur des réfracteurs permettent de faire une analyse du Soleil de plus
en plus complète. En 1949, un télescope à monture "fer à cheval"
voit le jour, peut-être le plus célèbre de tous : le 5 m du Mont
Palomar. Une cabine placée au foyer permet même à une personne d'y prendre
place sans gêner l'observation
La
caméra refroidie, les filtres et multiplicateurs d'électrons qui vont être
fabriqués à partir de 1950 continuent sans arrêt d'améliorer les
performances des télescopes. Une nouvelle catégorie de matériels contribue à
la connaissance du ciel dès les années 50. Cette fois-ci il n'y a plus
d'optique, ces appareils sont des radiotélescopes et analysent le ciel dans le
rayonnement radio. Les plus connus sont ceux de Parkes en Australie, Jodrell
Bank en Angleterre ou Arecibo au Mexique. La France possède également un
radiotélescope à Nançay.
A
partir de 1980, l'astronomie optique fait un nouveau pas et la construction de télescopes
multimiroirs ou à miroirs fractionnés fait son apparition. Des
"prototypes", le NTT basé à La Silla et le CFH au Mauna Kea ont des
miroirs dits actifs : ils sont gérés par servocommandes et assistés par
ordinateurs. Malgré leurs 3,50 m, ils sont parmi les meilleurs actuellement et
avoisinent la magnitude 27. La dernière génération de télescopes (VLT)
"copie" l'interféromètre (VLA) du nouveau Mexique : selon le même
principe, les surfaces collectrices sont additionnées ou utilisées séparément.
Dernière création, le télescope spatial qui malheureusement, a donné
quelques déceptions, au début de ces observations, dues à l'imperfection de
son miroir. Le problème fut résolut avec le coût et la difficulté du travail
dans l’espace.
Les
performances des installations professionnelles ne doivent pas obscurcir nos
espoirs d'amateurs : il y a toujours quelque chose à découvrir, chercher
les performances maximum de nos appareils. Et puis, les amateurs exigeants ont
à leur disposition aujourd'hui (moyennant finances) ce que les techniques de
pointe et les observatoires utilisaient il y a quelques années pour leurs plus
grandes découvertes. Un seul exemple : la CCD.
(Article paru dans ATCO n°33 Spécial Instruments en 1991).